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Deux étudiantes à Kazan

Ekaterinbourg : le train, témoignage de survivantes (exclusif)

8 Novembre 2014, 16:56pm

Publié par Kazanova

S'il y a une chose qui restera à jamais gravé dans notre mémoire, c'est le voyage en train. Une expérience typiquement russe, mais aussi une expérience typiquement folle.

Première chose : n'oubliez pas que les heures indiquées sur vos billets sont les heures de Moscou ! Ca peut éviter quand même de louper son train... (surtout quand il y a neuf fuseaux horaires)

Nous sommes arrivées le vendredi soir à la gare de Kazan pour prendre notre train. Nous avions acheté des billets en wagon coupé, c'est à dire en wagon composé de compartiments pour quatre personnes. Je me trouvais avec un pote tchèque tandis que Valérie était avec notre ami italien. L'italienne Marie était, quant à elle, dans un autre wagon, avec un homme bourré (et bavard en plus de ça)... Nous avons eu la chance d'avoir comme voisines deux très jolies russes, avec qui nous avons pu discuter jusqu'à 3h du matin. Il vaut mieux être en bonne compagnie lorsque nous voyageons pendant quinze heures. (dommage pour Valérie et Alex qui se sont retrouvés avec deux femmes et un enfant en plus...)

Hormis cela, ce genre de wagon est plutôt agréable : quatre lits épais (ceux du bas faisant office de canapé, ceux du haut pouvant être relevés), des draps, oreillers, taies d'oreiller et couvertures prêtés, une bonne insonorisation... mais des prises seulement dans le couloir et une climatisation merdique. Nous avons cru mourir de chaud. C'était facile pour Iaroslav : plutôt bien entouré, il n'a pas hésité à se mettre en boxer. Mais moi, moi....! *soupire dramatique et main cachant les yeux* Moi, c'était la piscine de sueur sur le matelas.

Tania et VikaTania et Vika

Tania et Vika

Le matin, nous avons rangé nos affaires (après avoir lu le petit mot des filles sur notre boite de pizza) et posé le pied sur le sol de Ekaterinbourg. Rien de plus simple, notre aventure semblait radieuse.

Malheureusement, ce n'était pas si facile pour le retour...

Etant cinq, nous avons pris deux taxis pour se retrouver à la gare. Iaroslav, Valérie et moi attendions toujours nos amis italiens à l'entrée de la gare quand ils nous annoncèrent par téléphone qu'ils étaient en réalité déjà sur le quai.

Départ - 15min. Nous courrons jusqu'au quai indiqué. Nous montrons nos billets à la contrôleuse à l'entrée de notre wagon, qui vérifie aussi nos passeports. Iaroslav semble avoir un problème avec son siège, elle vérifie donc plus d'une fois nos papiers. Tout "étant" en ordre, nous commençons à ranger toute notre paperasse pour monter. Départ - 3min. La contrôleuse nous demande de nouveau de lui montrer nos billets. Là, elle nous annonce, sur le même ton lent et ennuyé : "Mais c'est normal que votre siège soit pris. Vous vous êtes trompés de train. Celui-là va en Sibérie." Notre sang ne fit qu'un tour, nous avons commencé à lui demander pourquoi elle n'avait pas remarqué plus tôt - ou plutôt pourquoi elle ne nous avait rien dit - et tandis que Iaroslav l'insultait presque ouvertement, nous nous sommes mis à courir sans réellement savoir où. Départ - 1min. Une dame nous crie du train d'en face de monter dans celui-ci, en direction de Kazan. Nous la remercions chaleureusement, prêts à lui embrasser les pieds. Départ imminent. Nous grommelons contre la bonne femme de l'autre train, en marchant en direction de notre place, traversant moult wagons et rencontrant des visages fatigués, colériques, en train de brailler ou ivres. Départ + 5min. Nous sommes assis à notre place, les joues encore rouge par la colère et la course. Nous pouvons respirer. Enfin... c'est sans compter l'odeur du wagon.

Nous étions en platzkart, ce sont des coupés mais sans compartiments. Donc niveau odeur, bruit, chaleur etc. c'est pire. Mais niveau rencontre, c'est mille fois mieux ! J'ai eu la chance de me retrouver en face du lit de Valérie (parce que les garçons se sont retrouvés ailleurs). Prises de fou rire à cause de notre aventure - les nerfs qui lâchent, c'est fatal - nous peinions à faire notre lit. Nos voisins (un jeune et un vieux) riaient de nous voir galérer et ont fini par nous aider. Nous n'avons même pas fait notre lit finalement, mais ça nous a permis d'entamer la conversation avec toutes les personnes autour de nous et de leur proposer des gâteaux. (je crois qu'ils ont continué à se moquer de nous après ça, mais nous ne faisions plus vraiment attention) Gâteaux que nous venions d'acheter - je tiens à le préciser - puisque Valérie avait oublié notre sac de provisions dans la voiture de l'homme nous ayant pris en stop à Ganina Iama. P'tite tête.

Bien installéesBien installées

Bien installées

Le train s'arrêtait quasiment toutes les heures, ce qui explique la durée du trajet. Les arrêts à chaque gare duraient environ vingt minutes, ce qui permettait aux fumeurs de sortir un peu et de faire des rencontres. C'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'un Daghestanais, qui nous avait proposé de sortir fumer avec lui. Il a commencé à nous raconter sa vie très intéressante de chanteur-loveur, puis nous sommes remontées pour continuer notre voyage.

Mail avec Iaroslav, Val et moi

Mail avec Iaroslav, Val et moi

Ekaterinbourg : le train, témoignage de survivantes (exclusif)

La chose horrible, mais vraiment horrible, était les WC. Blocage psychologique, pire que les toilettes turques. En plus de ne pas poser mes petites fesses toutes propres sur la cuvette dégueulasse, je me recevais de l'eau glacée coulant du plafond tout en bougeant dans tous les sens à cause des secousses du train.

Enfin, j'aimerais finir cet article par une note de... beauté. Je crois que j'ai vécu le plus bel instant de toute ma vie dans ce wagon, sur ce matelas, avec Valérie, une paire d'écouteurs entre nous deux et Two steps from Hell - Nero dans les oreilles. Je crois vraiment que regarder le paysage défiler sur cette mélodie a été un moment des plus magiques de mon existence. Nous avons vu la beauté de la Création de Dieu dans cette simplicité. Merci Seigneur pour de tels cadeaux.

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